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Libération
Reportage

A Grigny, le quotidien des «incasables»

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Itinéraires de trois chômeurs de longue durée, entre débrouille et désespoir.
publié le 26 mars 2013 à 22h06

Ce sont des «incasables», en rupture totale avec les institutions, souvent chômeurs de longue durée. Libération les a rencontrés à Grigny (Essonne) où les services sociaux continuent quotidiennement à tenter de les remettre sur les rails. (1)

Djamila : «Une douleur que je ne peux pas expliquer»

Djamila est au chomâge depuis quatre ans. Quand on lui demande quel effet son inactivité produit sur ses enfants, cette femme de quarante-cinq ans fond en larmes. S'excuse, puis lâche : «On se sent inférieur aux autres. On a du mal à assumer le rôle de parents. Des fois, ça fait mal, c'est une douleur que je ne peux pas expliquer.» Récemment elle a acheté un manteau pour vingt euros à un de ses enfants. Mauvaise qualité : il s'est vite déchiré.

Il faut dire que Djamila n'a pas de chance. Son mari était agent d'entretien pour des hottes de cuisine. Il a chuté de cinq mètres, s'est blessé, a perdu son emploi. Aujourd'hui, Djamila reprend peu à peu espoir. Elle a décroché un stage de formation en alternance dans l'économie sociale. Touche à nouveau le RSA qui lui avait été «sucré» pendant trois mois, suite à un problème administratif. Elle dit qu'elle va «se remettre sur ses deux pieds, qu'il faut aller de l'avant, toujours se lever le matin, et avoir le sourire». Elle est aussi inscrite aux Restos du cœur, «c'est mieux que de mendier ou de voler». Elle rappelle que personne n'est à l'abri : «Avec mon mari, on vivait bien, on subvenait à nos besoins. La roue tourne.» Et elle conc