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Opaque Eurogroupe

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L’organe ne tire sa légitimité d’aucune élection directe et n’a pas de comptes à rendre au Parlement de l’UE.
par Jean Quatremer, (à Bruxelles) et Sabine Cessou
publié le 2 avril 2013 à 22h06

Qui est responsable de la gestion catastrophique de la crise chypriote ? Manifestement personne, les ministres des Finances de l’Eurogroupe se renvoyant mutuellement la responsabilité de décisions pourtant prises en commun.

Pourquoi se gêner ? L’Eurogroupe, qui prend pourtant des décisions ayant un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, ne tire sa légitimité d’aucun organe communautaire et n’a donc aucun compte à rendre au Parlement européen.

Mécanisme européen de stabilité

La conférence de presse au cours de laquelle est annoncé le plan de sauvetage de Chypre en dit plus long qu'aucun discours : au côté de Jeroen Dijsselbloem, élu par ses pairs, siégeait le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, désigné par les chefs d'Etat et de gouvernement, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, nommé par le gouvernement finlandais, le directeur général du Mécanisme européen de stabilité, Klaus Regling, choisi par les ministres des Finances de la zone euro… Autrement dit, personne, parmi les instances de la zone euro, n'a été directement élu par les citoyens pour occuper ces fonctions. «Avec Chypre, on a atteint les limites de ce système : l'euro ne pourra pas survivre éternellement si on continue comme ça», prévient l'eurodéputée Sylvie Goulard, coauteure avec Mario Monti de De la démocratie en Europe.

C’est la gouvernance de l’Europe laissée aux seuls Etats, «l’intergouvernementalisme», qui a abouti à cette dérive autocratique. Le choix de Dijss