Dans une salle surchauffée et à l'hygrométrie maximale, Dennis Oonincx distribue des petits fagots d'herbe fraîche à des sauterelles géantes, amassées en grappes dans un coin de leur cage de verre. A ses colonies de grillons planquées sous des boîtes d'œufs, le jeune chercheur jette des morceaux de carottes. «Ce sont des animaux grégaires, si vous leur donnez un abri, de la chaleur et de la nourriture, ils ne bougent pas. C'est idéal pour de l'élevage à grande échelle», analyse cet entomologiste. Ses expériences font la fierté de l'Université de Wageningen, aux Pays-Bas, qui abrite l'un des plus importants départements dédiés aux insectes en Europe. Ici, la petite bête n'effraie, ni ne rebute. Au contraire, elle a l'éclat d'un or ailé sur pattes.
Sucettes au scorpion, cookies au grillon… L'entomophagie - la consommation d'insectes par l'être humain - fait toujours se gondoler les journalistes en mal de sensations fortes. Mais, freins culturels obligent, le ragoût de chenilles à la cantine, ce n'est pas pour demain. Pourtant, ces bestioles constituent une source de protéines à ne pas négliger pour le bol alimentaire de l'homme du XXIe siècle. «La demande de protéines animales va augmenter de 70 à 80% d'ici à 2050. On ne peut pas s'affranchir de l'insecte», assure le professeur Arnold Van Huis, entomologiste tropical en croisade depuis vingt-cinq ans pour faire entrer larves et grillons dans nos assiettes.
Dans le monde, près de 3 milliards d'individ