«La Grèce ne peut plus supporter un aussi intense effort budgétaire», plaidait mercredi le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, devant son Parlement. Venant de l'ex-président de l'Eurogroupe, le conseil des ministres des Finances de la zone euro, cet appel n'est pas anodin. Le dogme de la rigueur commencerait-il à avoir du plomb dans l'aile en Europe ?
«Flexibilité». La France n'est en tout cas plus seule à réclamer qu'on donne du temps au temps. Confrontée à 25% de chômage, l'Espagne est ouvertement sur la même ligne. «Qu'on appelle cela de la sensibilité ou de l'intelligence», le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, se disait, début mars, «convaincu» que la Commission allait faire preuve de «flexibilité». Madrid avait déjà obtenu l'an dernier un délai d'un an pour la réduction de son déficit à 3% du PIB. Le pays a bon espoir que l'échéance soit encore repoussée à 2015, voire 2016, compte tenu de la récession qu'il subit. Mi-mars, le Portugal s'est vu accorder aussi un sursis jusqu'en 2015. L'Italie n'a encore rien demandé, mais on ne serait pas surpris, à Bruxelles, que la requête vienne un de ces jours.
La Commission européenne, gardienne des traités, a-t-elle d'autre choix que de dire oui ? Pas vraiment, tant la conjoncture vire au noir. Cette année, la zone euro restera la tête sous l'eau : au lieu de la reprise prévue il y a un an, ce sera une récession de 0,3%. «Nous voyon