A quoi un détritivore consacre-t-il sa vie ? A digérer des débris et les transformer pour que les autres en profitent. Bref, à boucler la chaîne alimentaire. A quoi ressemble-t-il ? A un lombric. Ou à Tom Szaky, tignasse ébouriffée, baskets et gilet froissé à capuche. Avec son entreprise TerraCycle, ce Canadien d'origine hongroise veut «éliminer la notion de déchet». Bref, boucler la boucle économique en recyclant tout ce que notre civilisation consumériste déclare «non recyclable». Vraiment tout. Stylos, paquets de chips, gants d'hôpitaux, chaussures, chewing-gum, couches ou mégots, Tom se charge d'une centaine de produits trépassés.
«Techniquement, tout est possible. Pourtant, l'immense majorité de nos déchets - 5 milliards de tonnes par an dans le monde - est incinérée ou mise en décharge, parce que c'est moins cher, dit-il devant son cappuccino et son croissant parisiens. C'est aberrant : ils valent de l'or ! La nature, elle, le comprend. Elle ignore le mot "déchet", c'est une invention de l'homme moderne.»
Débit rapide, esprit acéré, ce déchetivore-là est bien plus vif qu'un lombric. Malgré la fatigue. «Hier, j'étais en Allemagne, avant-hier à Londres, le jour d'avant à Tel-Aviv. Demain, ce sera Budapest, puis Amsterdam, le Mexique, le Canada aussi, et enfin chez moi, à Princeton, New Jersey». Un agenda de big boss.
Le plant «Marley». Sous sa capuche, Tom Szaky est un magnat mondial du détritus, fond