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Un bréviaire de l'austérité remis en cause

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Rédigée par deux économistes américains, une étude qui relie dette et faible croissance serait fondée sur de mauvais calculs. Féroce débat chez les spécialistes.
A visitor wearing a latex outfit and leather corset pauses at the rubber and fetish event 'Latexpo 2010' in Hamburg late August 21, 2010. The Latexpo runs August 20-22 and designers will present new materials and styles. There will also be fetish parties, a fashion ball and a Rubberdoll contest. Rubberdolls are mostly men wearing a female shaped bodysuit made of latex or rubber and dressed in fetish related dresses. Picture taken August 21, 2010. REUTERS/Christian Charisius (GERMANY - Tags: ENTERTAINMENT ODDLY SOCIETY IMAGES OF THE DAY) (REUTERS)
publié le 17 avril 2013 à 15h26
(mis à jour le 17 avril 2013 à 15h52)

En matière d’austérité, il y a la pratique et la théorie. La première est l’affaire des gouvernements européens qui s’y adonnent - sans autre résultat, pour l’instant, qu'une récession continentale ; la seconde, celle des économistes qui la justifient par leurs travaux. Deux d’entre eux, les Américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, sont aujourd’hui en situation délicate. Selon une étude critique, leur argumentation serait entachée d'erreurs.

Lorsque Reinhart et Rogoff publient, en 2010, un article intitulé «La croissance en temps de dette», celui-ci est largement relayé par les médias et certains politiques. Se fondant sur des données historiques internationales, «R&R» établissent une relation entre niveau de dette et croissance du PIB. Selon leur principale conclusion, un taux d'endettement supérieur à 90% du PIB entraînerait une baisse significative du taux moyen de croissance, quel que soit le niveau de développement du pays.

«Sérieuses erreurs»

L'article est reçu comme un encouragement à épurer au plus vite la dette publique. Selon l'économiste Paul Krugman, prix Nobel 2008, son influence fut «immense» : «Très rapidement, chacun "sut" que de terribles choses arrivent lorsque la dette dépasse 90% du PIB». Certes, une critique récurrente voit dans la faible croissance une cause du haut niveau d'endettement, et non une conséquence. Mais les conclusions de Reinhart et Rogoff n'en restent pas mo