Elle s'appelle Gwenaëlle, elle a 31 ans. Elle fait des animations dans les supermarchés. En janvier 2011, Gwenaëlle postule pour une mission de deux jours dans un centre commercial où elle vantera les mérites de céréales fitness. Elle envoie des mails, on lui répond favorablement. Elle n'a plus qu'à donner sa taille pour que l'agence Animéo lui donne un uniforme. Elle envoie ses mensurations, en précisant qu'elle est enceinte de six mois. Voilà le mail qui lui revient : «Votre candidature a été appréciée. Vous correspondez au profil. Mais le seul critère qui ne correspond pas est que vous soyez enceinte.» Cinq points d'exclamation suivent.
Mauvais choix pour l'agence Animéo. Ce qu'elle fait s'appelle de la discrimination à l'embauche. Gwenaëlle a donc saisi la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations, remplacée depuis 2011 par le défenseur des droits). Son affaire était jugée jeudi au tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). L'enquête suit son cours et les responsables sont entendus. La personne en charge du recrutement se défend en expliquant qu'il n'était «pas raisonnable» d'embaucher Gwenaëlle dans son état, qu'il n'y avait que des uniformes de taille S, qu'elle aurait dû porter des caisses de plus de dix kilos, et rester debout huit heures de suite. La responsable du recrutement assume le fait d'avoir refusé l'embauche et n'avait «pas l'intention de commettre un acte de discrimination». Au contraire, «c'était p