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Récit

Logements : le gouvernement andalou braque les banques

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La région autonome espagnole a décrété le 9 avril un moratoire de trois ans sur les saisies immobilières des ménages endettés les plus pauvres.

ParFrançois Musseau
Correspondant à Madrid
Publié le 22/04/2013 à 22h16

Exproprier les banques. C’est la décision - inédite et radicale - prise par la région d’Andalousie, en Espagne, pour faire face à la multiplication des expulsions de logements. L’administration régionale aura, pendant trois ans, la charge de l’appartement et réclamera un modeste loyer aux occupants. Une mesure d’urgence, dans un pays où, faute de pouvoir rembourser leurs prêts, 500 familles sont mises à la rue chaque jour par les établissements créanciers.

Un fléau social (250 000 saisies exécutées depuis 2007) qui ne cesse de s'aggraver, conduisant à une demi-douzaine de suicides ces derniers mois et à l'installation de centaines de personnes sur les places publiques. Sous la pression de mouvements sociaux, le gouvernement de Mariano Rajoy a assoupli jeudi une législation jusqu'alors très favorable aux banques, afin de «protéger les familles les plus démunies» jusqu'en 2015.

«On ne pouvait pas rester les bras croisé»

Mais pour l'opposition, l'opinion publique et les nombreux collectifs anti-expulsions, la réaction de l'exécutif ne suffira pas à juguler un mal qui ne cesse de s'étendre : avec un chômage galopant (26% des actifs), de plus en plus de propriétaires sans emploi doivent rendre leur bien immobilier à leur banque. «Basta ! La situation est arrivée à un point limite, et il faut faire front aux institutions financières», estime le gouvernement autonome d'Andalousie, une des 17 régions espagnoles aux larges prérogatives, et notamment celle du logement. Susc