Il n'y avait que le parti au pouvoir pour ne pas être accablé par le chiffre massue publié hier qui pulvérise tous les records nationaux : l'Espagne compte désormais 6,2 millions de chômeurs, soit un peu plus de 27% des actifs, selon la dernière «Enquête sur la population active» (EPA). Ce qui situe le pays au plus bas de l'échelle européenne du chômage, avec la Grèce. Carlos Floriano, le numéro 3 du Parti populaire (PP, conservateur), a fait contre mauvaise fortune bon cœur : «Ne nous laissons pas aveugler par ce mauvais chiffre. Bien plus tôt que prévu, arriveront les fruits de notre politique économique.» Un optimisme qui relève de la méthode Coué. Depuis son arrivée au pouvoir, Mariano Rajoy a gouverné à base de mesures d'austérité drastiques. Sans réussir à maîtriser le déficit public qui a atteint 10,2% du PIB fin 2012, en comptant les prêts européens alloués aux banques «toxiques» qui ont alourdi de fait la dette publique. Vu l'ampleur du trou, ramener le déficit à 3% en 2014 est désormais irréalisable. D'autant que, la semaine dernière, le FMI a douché l'optimisme des conservateurs (qui annonçaient une timide reprise en fin d'année) en pronostiquant une récession de 1,6% en 2013.
Atone. Le panorama du marché de l'emploi reflète une économie à bout de souffle. En un an, on recense 237 400 nouveaux chômeurs. Les purges se produisent essentiellement dans le secteur public et dans le BTP, ancienne manne des glorieuses années,