C'est un texte expédié fin 2011. Destination : l'American Economic Review (AER), sis à Pittsburgh, aux Etats-Unis. Ils sont conscients des faibles chances qu'ils ont d'y être publiés. Mais forts de leurs recherches, ils comptent obtenir droit de cité dans une des revues économiques les plus prestigieuses. Eux ? Antoine Parent et Alexandru Minea. Deux économistes français. Deux inconnus, loin de la vingtaine d'experts, souvent autoproclamés, qui monopolisent le débat public dans le pays.
Austérité. Dans leur texte adressé à l'AER, Parent et Minea remettent en cause un des articles les plus célèbres de Carmen Reinhart et de Kenneth Rogoff (R&R), paru en 2010 dans la revue. Ces deux sommités y affirmaient qu'il existe un seuil de dette publique (90% du PIB ou plus), au-delà duquel la croissance recule. Leur étude est relayée par nombre de politiques pour justifier le bien-fondé des politiques d'austérité.
A l'adresse des deux frenchies, la réponse de l'American Economic Review est sans appel. C'est no. Pas question d'apporter la contradiction à l'article de R&R. Certes, depuis quelques semaines, après la découverte d'une erreur dans leur tableau Excel, les deux professeurs à Harvard essuient critiques et railleries. Mais outre l'embarrassant bug Excel, cette «mésaventure» illustre la prédominance des publications économiques américaines. «Que ce soit l'American Economic Review ou encor