Professeur d'économie à Sciences-Po Lyon, Antoine Parent est spécialiste en cliométrie, qui combine l'histoire économique à l'économétrie (approche empirique des modèles économiques). Il a publié plusieurs articles sur les travaux des Américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff concernant la relation entre dette publique et croissance de long terme. Avec Alexandru Minea, professeur d'économie à l'université d'Auvergne, il a dès fin 2011 remis en cause leurs travaux - récemment décriés (lire ci-contre).
Comment avez-vous été amenés à travailler sur la relation entre niveau de dette et croissance ?
En 2009, dans leur ouvrage intitulé This Time Is Different, R&R [Reinhart et Rogoff, ndlr] s'étaient ralliés, à leur manière, à l'idée qu'on peut combiner les faits historiques avec la théorie économique. C'est justement l'objet de la cliométrie. Mais leurs résultats laissent penser que l'histoire économique peut se répéter à l'identique, que les crises succéderaient invariablement aux périodes d'euphories.
Que voulaient-ils démontrer ?
A la lumière des crises passées, ils ont voulu mettre en évidence l’existence de relations systématiques entre niveau de dette et croissance. Leur résultat majeur se résume au fait que celles-ci sont relativement stables pour des ratios de dette publique sur PIB inférieurs à 90%. Au-delà de ce niveau, la croissance moyenne des pays observés (1) passerait alors de près de 3% à - 0,1%. Or, nous