Le gouvernement, qui proclame une «révolution copernicienne», et les commentateurs, qui y voient une «vraie rupture», surjouent un numéro vieux d'au moins trente ans. La gauche, devant la gravité de la situation, serait contrainte d'abandonner «l'idéologie» pour adopter une attitude «réaliste» et rechercher une «nouvelle alliance» avec le patronat parce que, dixit François Hollande, «ce sont les entreprises qui créent la richesse».
Ce «socialisme de l'offre» a un goût de réchauffé. Lorsque Pierre Moscovici déclare qu'il ne faut pas d'emblée redistribuer mais penser d'abord à produire, il reprend les orientations de Dominique Strauss-Kahn (Pour l'égalité réelle - Eléments pour un réformisme radical, paru en 2004). Il paraphrase surtout Valéry Giscard d'Estaing expliquant en 1984 dans 2 Français sur 3 qu'il ne faut pas garantir les résultats de la répartition sans avoir constaté au préalable la situation réelle de la production.
Le discours de François Hollande aux assises de l'entrepreneuriat fait écho à celui de François Mitterrand pour le centenaire de HEC en 1981, présentant les chefs d'entreprise comme des partenaires et non des adversaires. Jacques Delors écrivait en 1985 dans En sortir ou pas, coécrit avec Philippe Alexandre, que «pour empêcher l'étatisme d'exercer ses ravages» il fallait commencer par transformer les esprits et réhabiliter «le marché, l'entreprise et le