Si José Manuel Durão Barroso voulait fournir aux eurosceptiques un argument de campagne clé en main, il ne s’y prendrait pas autrement : à un an des élections européennes de mai 2014, le président de la Commission n’a rien trouvé de mieux que de se lancer dans des tractations en vue d’un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Il espère obtenir un mandat de négociations des Etats membres le 14 juin. Et créer un marché intérieur transatlantique où les biens et les services circuleront librement, ce qui, selon lui, permettra de relancer la croissance.
Mais il y a un énorme hic : pour qu'il y ait accord, il faudra que les Européens renoncent à une partie de leurs normes, qu'elles soient juridiques, sanitaires, environnementales, culturelles, etc. D'où le coup de pression de la France, qui a demandé, avec le soutien de douze ministres européens de la Culture, que l'audiovisuel soit exclu des négociations, au nom de «l'exception culturelle». Faute de quoi, Paris ne «donner[a] pas mandat» pour négocier, a menacé hier la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq.
«On se demande vraiment pourquoi Barroso nous a embarqués dans cette galère politiquement explosive», soupire un haut fonctionnaire bruxellois, pour qui «l'Europe a tout à perdre et quasiment rien à gagner dans cette négociation». Une aubaine en revanche pour les opposants à la construction communautaire, qui trouveront là du grain à moudre sur «l'Europe