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Le suicide, quel travail !

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Les médias (Libération du 29 avril) ne cessent de souligner ce «phénomène nouveau» comme si les rapports de causalité entre le mal au travail et le suicide étaient évidents.
publié le 17 mai 2013 à 19h06
(mis à jour le 19 mai 2013 à 19h13)

Depuis quelques années, les conditions de travail provoqueraient des suicides. Les médias (Libération du 29 avril) ne cessent de souligner ce «phénomène nouveau» comme si les rapports de causalité entre le mal au travail et le suicide étaient évidents. Comme si ce geste ultime était une réaction aussi banale face à l'adversité au travail qu'une crise de nerfs ou une dépression nerveuse. Les travailleurs qui souffrent ont pourtant d'autres issues que de se suicider. Ils peuvent changer d'emploi, même si l'on sait que le chômage bat des records actuellement, et ils peuvent aussi envisager des combats collectifs pour améliorer leurs conditions.

Car leur situation est tout de même moins désespérée que celle des chômeurs qui, eux, selon les médias, se suicident moins que les travailleurs malheureux. La vie au travail n’est pas la seule qu’ils possèdent, ce qui n’est pas le cas des prisonniers, par exemple. Ces travailleurs vivent généralement dans des cadres familiaux, ils ont d’autres attaches qui peuvent les aider à faire face à des circonstances difficiles. Si l’on songe aux conditions atroces d’exploitation de jadis ou à celles qui existent encore dans les pays pauvres, on se demande pourquoi et comment le suicide n’était pas ou n’est pas la réponse normale de ces victimes du travail.

On peut envisager deux réponses à cette énigme. La première est l’apparition d’une conception psychologique du travailleur, laquelle serait en train de se substituer à une autre, de type