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Esclavage : une réparation par la transparence

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par Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.
publié le 20 mai 2013 à 19h06

Est-il possible d'envisager des réparations financières pour les crimes commis lors de l'esclavage ? En décrétant que «l'histoire ne peut pas faire l'objet d'une transaction», François Hollande vient de répondre négativement à cette question, le 10 mai, lors de la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage. La formule est habile. Pourtant, si l'on regarde les choses de plus près, la question est plus complexe, et ne peut être évacuée aussi facilement. Christiane Taubira, qui est à l'origine de la loi de 2001 reconnaissant la traite négrière et l'esclavage comme crime contre l'humanité, et instituant la journée du 10 mai, a eu raison de corriger immédiatement le tir présidentiel, en évoquant dès le lendemain la nécessité de réfléchir à des formes de politique foncière et de redistribution des terres en faveur des descendants d'esclaves dans les territoires français d'outre-mer. Il y a quelques années, une commission chargée d'enquêter sur la spoliation des biens juifs et les nécessaires réparations a pu enfin mener ses investigations en France. S'agissait-il d'une «transaction avec l'histoire» ? Il y a tout juste dix ans, plusieurs pays en ex-Union soviétique et en l'Europe de l'Est ont choisi de mettre en place des restitutions de propriété et des compensations concernant des événements qui se sont déroulés il y a près d'un siècle. Dans les grandes îles esclavagistes françaises (la Réunion dans l'océan Indien, Martinique et Guadeloupe aux Antilles, qui r