Et si le Vieux Continent arrêtait de penser vieux ? S’il arrêtait de chasser les fantômes rigoristes qui viennent hanter ses finances publiques ? S’il mettait enfin ses deux armes, monétaire et budgétaire, au service de la croissance, et donc de l’emploi ? Quitte à s’engager, une fois la machine économique sortie de la dangereuse léthargie au coût social et démocratique périlleux, à s’attaquer à ses déficits budgétaires ? Ce pari, c’est précisément celui lancé outre-Atlantique et au Japon. Et qui est en passe de réussir.
Aux Etats-Unis, la croissance est partie, en rythme annualisé, pour s’établir à 2,5% mais pourrait toucher les 3% selon les analystes. Au Japon, après un premier trimestre surprise (+0,9%), elle parviendrait à se hisser à 3,5%. L’Europe ? Elle s’englue. Quatre des cinq grandes économies de la zone euro devraient être en récession en 2013. La France (-0,1% du PIB), l’Espagne (-1,5%), l’Italie (-1,3%) et les Pays-Bas (-0,8%). Résultat : un chômage record (12,1%) plombe son avenir.
John Maynard Keynes avait prévenu en 1937, quand Roosevelt avait pris le virage désastreux de la rigueur : «Le bon moment pour l'austérité, c'est lors d'un boom, pas lors d'une récession.» Tailler les dépenses publiques dans une économie déprimée déprime encore plus l'économie ; la rigueur doit donc attendre qu'une vraie reprise soit en marche. «L'austérité expansionniste» est une vision maléfique, rappelle le Prix Nobel d'économie Paul Krugman. Qui plaide, avec de pl