En ces temps de disette budgétaire, c’est une manne qui fait saliver les Etats. Plutôt que de multiplier des plans d’austérité dont l’effet récessif sur l’activité aboutit à un effet contre-productif d’effondrement des recettes fiscales, pourquoi ne pas aller récupérer l’argent qui se trouve dans les paradis fiscaux ? Des sommes soit cachées illégalement par les riches particuliers, soit mises à l’abri par les multinationales grâce au talent de leurs avocats fiscalistes, comme l’illustre le mécanisme d’évitement fiscal à très grande échelle d’Apple que vient de mettre au jour une commission d’enquête sénatoriale américaine.
L'Europe a bien compris la problématique : le sommet européen qui se tient aujourd'hui à Bruxelles doit justement discuter de lutte contre l'évasion et d'harmonisation fiscale. Mais encore faut-il savoir de quoi on parle, et évaluer cette «richesse manquante des nations», selon l'expression de l'économiste français Gabriel Zucman.
Qu’est-ce que la fraude fiscale ?
Quand on parle d'argent caché, une image vient en tête : un coffre dans une banque suisse, des particuliers qui passent discrètement la frontière avec du liquide pour ne pas le déclarer au fisc. La fraude fiscale, c'est effectivement cela. Mais pas seulement. Comme le souligne le syndicat Solidaires-Finances publiques (ex-Snui), cette «infraction à la loi commise dans le but d'échapper à l'imposition ou d'en réduire le montant» peut être petit