Adidas est une affaire à trois bandes. Où l’on comprend que Bernard Tapie est un excellent acheteur, à défaut d’être un bon gestionnaire. Et que le Crédit lyonnais, ancienne banque publique à l’image désastreuse, n’a pas fait que des mauvaises affaires.
Tout commence en 1990. Tapie rachète l'équipementier aux héritières du fondateur, les sœurs Dassler. A un très bon prix, moins de 2 milliards de francs (300 millions d'euros). «Sans mise de fonds, tout à crédit», a toujours tenu à préciser le CDR, organisme public ayant hérité des dossiers sensibles du Lyonnais. Justement, le taux d'emprunt prohibitif conduit rapidement le groupe Tapie dans l'impasse, alors que le redressement d'Adidas est au long cours. Mais en 1992, l'homme d'affaires paraît tout heureux que son banquier, le Crédit lyonnais, lui déniche un repreneur à 2 milliards de francs. Robert Louis-Dreyfus rachète alors 15% d'Adidas, épaulé par de mystérieux investisseurs immatriculés dans des paradis fiscaux. Tous sont également financés par le Crédit lyonnais.
Mais à l'occasion d'une procédure aux Etats-Unis opposant l'homme d'affaires breton François Pinault au Crédit lyonnais, on découvre que la banque gérait en propre plusieurs coquilles offshore, les mêmes ayant servi au montage Adidas… Pour Tapie, cela fait tilt : c'est son propre banquier conseil qui a principalement racheté la marque sportive ! Puis revendu 85 % du capital à Louis-Dreyfus deux ans plus tard, une fois l'entreprise redressée, sur la base