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Portrait

A Dacca, l’impossible entreprise des inspecteurs du travail

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La cellule chargée de contrôler les 27 000 sociétés enregistrées compte 51 membres… et pas un véhicule.
publié le 24 mai 2013 à 22h16

Homme au sourire avenant, Habibul Islam reçoit aimablement dans son immeuble du centre de Dacca. Mais le chef des inspecteurs des usines au ministère du Travail s'excuse d'emblée : «Nous sommes 51.» Puis, il ajoute : «Moi y compris.» Et se rassied sur sa chaise protégée par une serviette en éponge rose. Le ventilateur aux larges pales brasse un air lourd pendant que le haut fonctionnaire calcule : «Il y a 6 000 entreprises dans le textile, 200 000 entreprises en tout dans le pays, mais seulement 27 000 sont enregistrées dans nos services.» Et pour les contrôler ? 51 inspecteurs, dont lui-même. Son adjointe, Julia Jesmin, jolie jeune femme à la tête voilée, lance : «On n'a même pas un véhicule pour se déplacer ! Et pas de support logistique.» Autant dire que les inspections ne sont pas près de faire trembler l'industrie du textile.

Pourtant, de temps en temps, des progrès s'annoncent. Mais il faut un accident. Ce fut le cas en novembre lorsque le feu a pris dans une usine de textile, la Tazreen Fashions, à Ashulia, près de Dacca, provoquant 113 morts. Un bilan très lourd, à l'époque, qui a amené les politiques à faire quantité de promesses, vite oubliées. Des inspections ont été lancées dans 2 600 usines de textile. Résultat ? «70 à 80% des entreprises sont en faute vis à vis des règlements», annonce Julia Jesmin. Et 177 procédures sont en cours. Les «fautes» ? Beaucoup n'ont pas d'issues de secours en règle et nombre de pa