A quoi peuvent bien rêver les banquiers suisses ? Mystère… Mais leurs cauchemars, eux, sont tangibles, palpables, surtout depuis l'affaire Cahuzac et la mise à nu du secret bancaire après une seule petite demande de perquisition adressée par la justice française à son homologue suisse. Ne seront-ils pas un jour contraints de livrer à la France le nom d'un évadé fiscal potentiel sur simple requête de l'administration, sans même une intervention de la justice ? Voilà une perspective qui a de quoi exciter les terreurs nocturnes. D'autant que cette vision n'est pas un songe totalement halluciné. En avril, les pays du G20 ont demandé que «l'échange automatique d'informations» entre administrations fiscales - en clair, la transparence bancaire totale - devienne une norme internationale et soit donc appliquée par Berne. Et à présent, en Suisse même, une loi est en discussion qui vise à obliger les banquiers à s'assurer de la régularité de leurs clients avec le fisc de leur pays d'origine, sous peine de poursuites et de prison. Ainsi, en plus d'avoir perdu la protection de l'anonymat de leurs clients, ils pourraient être emprisonnés dans leur pays comme complice des évadés fiscaux qu'ils abritent. Cauchemar, en effet.
Sur la place de Genève, redevenue calme après un assaut de journalistes français en avril, lors des aveux de Jérôme Cahuzac, on se prépare activement à une mort prochaine du secret bancaire. «L'affaire Cahuzac a réveillé de vieux démons mais elle n'a pas vé