«Dollar, euro, cambio, cambio [change, ndlr] !» Cette litanie fait aujourd'hui partie de l'environnement sonore de la Calle Florida, la principale rue piétonne du centre de Buenos Aires. Depuis plusieurs mois, elle couvre même les harangues pour des spectacles de tango, les réclames pour la dernière édition d'un grand quotidien ou autres bruits de marteaux-piqueurs et de bus fonçant tous azimuts dans les rues adjacentes. Les arbolitos («petits arbres»), les agents de change à la sauvette surnommés ainsi parce qu'ils restent plantés jusqu'à trouver un client, ont abandonné leurs airs de conspirateurs. Ils se sont multipliés jusqu'à être une bonne dizaine par cuadra (bloc), et donnent de la voix pour arrêter le flot de piétons sous le regard impassible des policiers. «Les arbolitos sont si nombreux que ce n'est plus un centre-ville qu'on a, c'est un sous-bois !» commente, rigolard, un vendeur de fleurs ambulant.
Taux. C'est que le business est rentable : ces derniers jours, le dollar officiel était coté à 5,25 pesos à la vente. Sur Florida, son pendant clandestin, le «dollar blue» frôle les 9 pesos. Le fossé qui sépare les deux cours ne cesse de se creuser depuis la mise en place de contrôles drastiques sur les achats de devises étrangères il y a un an. Les Argentins sont contraints d'obtenir une autorisation fiscale spéciale pour chaque retrait en dollars, et de nouvelles mesures limitatives por