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Libération

Le retour du billet vert, annonciateur de l’hiver

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Rattrapée par la crise mondiale, l’Argentine craint le scénario des années 80 : «dollarisation» de l’économie et hyperinflation.
publié le 4 juin 2013 à 20h36

Voilà plus de vingt ans qu'ils jonglent avec la valeur du peso. Alors forcément, les Argentins savent qu'une forte et soudaine appréciation du dollar (contre leur devise) n'augure rien de bon. Leur crainte est d'autant plus fondée qu'il existe désormais un marché parallèle du dollar. Avec leur sens de l'ironie, ils ont baptisé ce dollar officieux le «dollar Messi», une référence au numéro 10 du maillot de leur idole, le footballeur réputé pour sa rapidité.

Face à cette fuite en avant, difficile de ne pas imaginer le retour du pire des scénarios, celui de la grande crise de décembre 2001. Cette année-là, dans la chaleur de l'été austral, les Argentins ont l'impression de vivre en enfer. Les avoirs bancaires sont bloqués. En moins de deux semaines, cinq présidents défilent à la Casa Rosada, le siège du pouvoir exécutif. Le pays tire un trait sur sa dette publique extérieure (132 milliards de dollars). Du jamais-vu. Un an plus tard, à la nuit tombée, des cartoneros fouillent les poubelles de Buenos Aires à la recherche de papiers, de cartons et de plastiques qu'ils revendront pour quelques pesos. La crise dépasse les pires pronostics : 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Soja. En 2007, le pays semble s'être remis sur pieds. Banni des marchés financiers internationaux, il a développé un modèle de croissance particulier. Pour se procurer des devises (dollars) nécessaires au règlement des importations, les Argen