Pour Nicolas Véron, économiste au centre de recherches européen Bruegel et spécialiste du système bancaire et du management des crises, c’est avant tout l’incapacité des Européens à créer des mécanismes de responsabilité qui encourage la prise de mauvaises décisions.
Quelle leçon tirez-vous du rapport du FMI ?
Cela montre que l’on commence enfin à avoir un débat, du moins hors d’Europe, sur la validité des plans de redressement. Se poser des questions sur les choix qui ont été faits n’est plus tabou. Malheureusement, on est encore loin d’un consensus sur ce qui a été bon et ce qui a été mauvais, car les opinions divergent encore au sein même du FMI. Ceci est un point de départ, pas un point d’arrivée.
Partagez-vous l’analyse du FMI selon laquelle on aurait évité beaucoup de dégâts en restructurant la dette grecque dès 2010 ?
L’argument de la Banque centrale européenne (BCE) est de dire qu’une restructuration de la dette grecque aurait mis en danger toute la zone euro, ses banques déjà fragiles et, partant, ses Etats. On ne le saura jamais, car les mécanismes de contagion sont difficiles à comprendre.
Fallait-il appeler le FMI à la rescousse ?
Les Européens ont mis beaucoup de temps à se décider. Il faut se souvenir qu’au début, l’Allemagne, comme la BCE et d’autres, ne voulaient pas en entendre parler : l’Europe était souveraine et pouvait régler ses problèmes toute seule. En plus, elle avait assez d’argent pour le faire. Mais le constat s’est finalement imposé que les institutions européennes n’avaient ni les compétences ni la maturité pour faire face à une crise aussi grave et inédite. Même si le FMI peut se tromper, le fait de l’associer a sans doute évité de prendre encore davantage