Quand l'aile gauche du gouvernement français débarque au pays de la finance reine et d'un pouvoir qui a fait du retrait de l'Etat le socle de son action politique, on peut légitimement s'attendre à un choc des cultures. En visite à Londres jeudi, le ministre de l'Economie sociale et solidaire, Benoît Hamon, y représentait fièrement la France au très select «Social Impact Investment Forum» organisé par le gouvernement de David Cameron, dans le cadre du G8 britannique. Un raout réunissant au somptueux siège européen de l'agence financière Bloomberg, en plein cœur de la City, responsables politiques, financiers en quête d'une nouvelle virginité autant que de nouveaux marchés et entrepreneurs sociaux, afin de réfléchir à l'avenir d'une économie sociale et non profit. Toutes proportions gardées, c'est un peu comme si le mouvement coopératif choisissait une salle des marchés high-tech de la Défense pour y organiser son congrès annuel. Décalage garanti en France, mais pas au Royaume-Uni.
«placements». C'est le Premier ministre conservateur en personne qui est venu inaugurer un événement calibré pile poil pour mettre en valeur son concept de «Big Society», dans lequel la société civile et le privé se substituent à l'Etat pour gérer des programmes sociaux et inventer un avenir à l'Etat-providence, à l'ère du désendettement public. «Les entrepreneurs sociaux, les fondations de charité et le volontariat ont souvent la connaissance du te