La colère gronde à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Les ouvriers de l'usine Michelin ont cessé le travail, hier, après la confirmation par le groupe de l'arrêt de la production de pneus pour poids lourds sur ce site d'ici à 2015. Avec, à la clé, 730 suppressions d'emploi sur 920 postes. «Ce matin, il a fallu calmer les esprits. Certains étaient prêts à mettre le feu aux pneus. Si l'usine doit brûler, elle brûlera», a déclaré Claude Guillon, délégué CGT du site, persuadé que toute l'usine va fermer. Ce que la direction dément.
«Les gens sont dehors, en colère, écœurés», ajoute Guillon. D'autant plus que l'industriel clermontois a donné une nouvelle illustration de la culture maison, mélange de discipline, de paternalisme et de culte du secret. Lorsque le directeur du site est sorti à 13 h 30 parler aux ouvriers, il a immédiatement rebroussé chemin, sous prétexte que des journalistes étaient présents. La CGT a appelé à la grève au niveau du groupe et à une manifestation à Clermont-Ferrand le 19 juin.
Michelin a promis que tous les salariés de Joué auraient deux offres de reclassement au sein du groupe. Mais le plan est difficile à vendre, puisque l’industriel se porte comme un charme au niveau mondial (1,57 milliard d’euros de résultat net en 2012). Pour faire passer la pilule, le groupe a donc annoncé 800 millions d’investissements sur sept ans en France, qui doit créer 484 emplois. Mais qui ne représente que 5% des investissements mondiaux de Michelin, avec d