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Libération

Japon : les «Abenomics» en perspective

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publié le 10 juin 2013 à 19h06

Le voyage de François Hollande au Japon a conduit à s’interroger de nouveau sur le bien-fondé de la politique d’austérité. Le choix opposé du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, de sortir de la crise en soutenant la demande fait des envieux auprès de l’exécutif français.

Ce qui est popularisé sous le vocable «Abenomics» consiste en trois éléments : une politique monétaire expansionniste pour lutter contre la déflation et obtenir une inflation de 2%, une politique fiscale de relance par l’investissement public, et un troisième volet de «réformes structurelles» pour favoriser la croissance, notamment augmenter le travail féminin. Il n’est pas inutile de remettre ces orientations de politique économique dans une perspective de plus long terme.

Le parti libéral de Shinzo Abe, le PLD, a été au pouvoir sans discontinuer de 1955 à 2009. Il est étroitement associé au développement du modèle économique japonais fondé sur la compétitivité extérieure de l’industrie manufacturière. La base sociale du PLD était constituée d’une part du management des grandes firmes industrielles, et d’autre part des artisans, commerçants et du monde rural, excluant les classes populaires syndiquées.

La politique économique était ainsi dirigée vers la promotion des exportations par la politique industrielle et l’investissement public dans les régions rurales, négligeant les attentes du monde ouvrier en termes de protection sociale.

Vers la fin des années 90, ce compromis a commencé à atteindre ses limites,