«Ils ne savent vraiment pas conduire dans ce pays !» s'exclame, furieux, Fabian Larrea, à bord de son impeccable taxi jaune. Voilà à peine six mois que cet Equatorien de 38 ans parcourt les rues de son Quito natal, après plus de dix ans passés à Madrid. «Je suis en état de choc, mais au moins je bosse et je gagne de l'argent», confie-t-il en esquivant une queue de poisson. De l'argent, il n'en gagnait plus depuis 2010. La crise financière qui étrangle depuis cinq ans l'économie espagnole touche de plein fouet les immigrés.
Si 27% de la population active est au chômage, le taux monte à 70% parmi les 310 000 Equatoriens résidant dans la péninsule ibérique, selon le Secrétariat national équatorien chargé de l'émigration (Senami). Une saignée qui s'explique par le type de profession exercée par ces derniers. La plupart étaient employés dans les services ou dans le bâtiment, un secteur aujourd'hui sinistré, à la suite de l'éclatement de la bulle immobilière. «J'ai tout fait, là-bas : ménages, récolte des fruits, gardiennage… Quand je suis arrivé, je gagnais des fortunes, on pouvait travailler quatorze heures par jour dans le bâtiment», se rappelle Fabian, qui a été rejoint très vite par son épouse et sa fille, Laura. «On venait d'un pays en banqueroute et l'Espagne, c'était le nouvel eldorado.»
Mère patrie. On est alors en 1999, près de 3 millions d'Equatoriens prennent le chemin de l'exil à la suite d'une pr