Ciel gris et mines d’enterrement : ce n’est pas l’ambiance des grands jours, ce mardi, à l’usine Michelin de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire. Hier, le groupe français a annoncé la suppression d’ici 2015 de 730 des 930 emplois du site. Lors de la rotation des équipes, sur le coup de 13 heures, entrants et sortants se croisent sur le parking. Ceux qui n’étaient hier pas là prennent les dernières nouvelles. Les autres filent droit, évitant pour la plupart les questions des journalistes.
«On le sentait bien venir, mais pas si tôt, pas comme ça, explique Franck, 45 ans dont vingt-quatre d'usine. On nous dit qu'il restera des emplois sur place. A mon avis, c'est juste pour éviter le choc que provoquerait une fermeture totale. De toute façon, ça finira par arriver. Putain, je ne sais faire que des pneus, moi ! Qu'est-ce qui va m'arriver?»
Des camions entrent et sortent de l'immense cité industrielle de 32 hectares, où un Bibendum de silicone accueille jovialement le visiteur. Arrêté lundi, le travail reprend peu à peu. Pas de zèle, mais pas de blocages: ici, l'exemple de la grève dure des ouvriers de PSA Aulnay ne fait guère d'émules. Pour les syndicats, c'est même un anti-modèle: «Ça ne servirait à rien, estime Jérôme, du syndicat majoritaire Sud. Quand tu sais que l'outil de travail va fermer, tu négocies les conditions de départ et puis c'est tout. Moi je viens de l'usine de Poitiers, qui a fermé en 2006. Là-bas, ils l'ont tenté, le bras d