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Libération
Reportage

Les Michelin résignés à Joué-lès-Tours

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Social. Les employés du site, en grande partie condamné par le manufacturier, reprennent le travail.
publié le 11 juin 2013 à 22h36

Ciel gris et mines d'enterrement : après la colère, c'est la tristesse qui dominait, hier, à l'usine Michelin de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire. La veille, le groupe avait annoncé la fin de la production de pneus d'ici 2015 et la suppression de 730 des 920 emplois du site. «On le sentait venir, mais pas si tôt, lâche Franck, 45 ans, dont vingt-quatre d'usine. On nous dit qu'il restera des emplois. A mon avis, c'est juste pour éviter le choc que provoquerait une fermeture. Putain, je ne sais faire que des pneus, moi ! Qu'est-ce qui va m'arriver ?»

Après une journée de débrayage, le travail reprend peu à peu dans le complexe de 32 hectares. L'exemple de la grève dure des ouvriers de PSA Aulnay ne fait guère d'émules. «Ça ne servirait à rien, estime Jérôme, du syndicat majoritaire SUD. Quand tu sais que l'outil de travail va fermer, tu négocies les conditions de départ et puis c'est tout. Moi je viens de l'usine de Poitiers, qui a fermé en 2006. Là-bas, ils l'ont tenté, le bras de fer. Résultat : zéro, ça s'est encore plus mal passé que prévu.»

Fréquemment évoqué, le précédent de Poitiers explique en partie la résignation générale. Autre facteur : la moyenne d'âge élevée des salariés du site, au-dessus de 50 ans. Les aînés pourront partir en préretraite, les autres examiner les offres de reclassement internes proposées par Michelin. Mais la perspective n'emballe pas grand monde : «J'ai 54 ans, une maison, une famille, une femme qui travaille, comment voul