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Libération
Critique

La Bourse à la vitesse de l’éclair

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Une enquête édifiante sur l’univers du High Frequency Trading et ses dangers.
publié le 14 juin 2013 à 19h06

Tout va décidément de plus en plus vite sur les marchés financiers. Le 23 avril, un faux tweet signé de la mystérieuse Syrian Electronic Army annonce «deux explosions à la Maison Blanche, Obama blessé». En moins d'une minute, l'indice Dow Jones de la Bourse de New York subit un krach éclair et perd 0,9%, soit 130 milliards de dollars, avant de les récupérer en moins de… trois minutes. Bienvenue dans le monde vertigineux des traders à haute fréquence, ces algorithmes capables de réaliser leurs transactions en 0,037 milliseconde, 6 756 fois plus vite qu'un clin d'œil.

Quand ces machines à l’écoute du moindre bruissement des réseaux associent les mots «Obama» et «blessé», leur réaction est instantanée : ils tiltent en mode vente et font s’écrouler les cours. D’où ce premier «#Hash-crash», pulvérisant par sa vitesse le précédent record du 6 mai 2010, lorsque Wall Street avait perdu 700 milliards de dollars (10% de sa valeur) en moins de quinze minutes.

Des histoires de ce genre, le surréaliste Krach Machine - des journalistes Frédéric Lelièvre et François Pilet, qui officient respectivement au Temps de Genève et à l'hebdomadaire helvète Matin Dimanche - en regorge. Car ces algorithmes conçus par des petits génies matheux - notamment russes et indiens -, afin de capter des revenus dans les plus infimes décalages du marché produisent de plus en plus d'incontrôlables réactions en chaîne potentiellement catastrophiques pour l'ensemble de l'économie.