En 1990, Rachid Taha affirmait que «c'est mieux que les Champs-Elysées, Barbès», dans sa chanson éponyme. Car à Barbès, il y a Tati. Un véritable temple de la consommation très bon marché pour la population du quartier, en grande partie issue de l'immigration maghrébine et africaine. Dans les années 80 et 90, une foule compacte encombrait les trottoirs du boulevard Rochechouart à toute heure du jour, farfouillant dans les bacs pour y dénicher les collants à 1 franc, les baskets à 10 ou la robe de mariée à moins de 500 francs. Certains repartaient avec d'énormes cabas ornés du célèbre motif vichy à carreaux roses et blancs direction Alger, Casablanca ou Abidjan, où plusieurs générations ont été habillées des pieds à la tête «made in Tati de Barbès». C'est aussi du continent africain qu'est venue la famille Ouaki, à l'origine de la marque discount, en 1948. Le patriarche, Jules, né à Tunis en 1920, s'occupe du business d'une main de fer. Pendant trente ans, Tati règne sur Barbès, passant de 50 à 2 800 mètres carrés de surface de vente avant d'essaimer à Paris (République, Montparnasse), puis en province.
En 1991, dix ans après la disparition de Jules, c'est le cadet de la fratrie, Fabien, qui reprend l'affaire. Mais le temps du déstockage des collections de l'année précédente et de la vente en vrac est passé. L'arrivée de nouvelles enseignes comme la Halle aux vêtements, Kiabi, H&M ou Zara, à peine plus chères mais nettement plus stylées, fait beaucoup de mal à la marq