Cinq ans après le début de la crise financière, les Etats-Unis ont renoué avec la croissance. Le Japon est en passe de faire de même. Seule l’Europe semble durablement enfermée dans la stagnation et la défiance : notre continent n’a toujours pas retrouvé son niveau d’activité de 2007. Notre crise de la dette semble insurmontable, alors même que notre niveau d’endettement public est plus faible que dans le reste du monde riche.
Le paradoxe ne s’arrête pas là. Notre modèle social est le meilleur du monde, et nous avons toutes les raisons de nous unir pour le défendre, l’améliorer et le promouvoir. Le total des patrimoines (actifs immobiliers et financiers, nets de toutes les dettes) détenus par les Européens est le plus élevé du monde, loin devant les Etats-Unis et le Japon, très loin devant la Chine. Contrairement à une légende tenace, ce que les Européens possèdent dans le reste du monde est nettement plus élevé que ce que le reste du monde possède en Europe.
Alors pourquoi notre continent, malgré tous ces atouts sociaux, économiques et financiers, ne parvient-il pas à surmonter la crise ? Parce que nous continuons de nous diviser sur des détails, et que nous nous complaisons à demeurer un nain politique et une passoire fiscale. Nous sommes gouvernés par des petits pays en concurrence exacerbée les uns avec les autres (la France et l’Allemagne seront bientôt minuscules à l’échelle de l’économie-monde), et par des institutions communes totalement inadaptées et dysfonctionnelles