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Libération
Interview

«Ces négociations risquent de réveiller un antiaméricanisme simplificateur»

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Pierre Defraigne, économiste et directeur de la Fondation Madariaga-Collège d’Europe :
publié le 18 juin 2013 à 21h56

Ancien directeur de cabinet de Pascal Lamy, du temps où celui-ci était commissaire européen au Commerce, puis haut responsable de la politique commerciale européenne à Bruxelles, Pierre Defraigne ne peut être taxé de protectionnisme. Pourtant, l'économiste belge juge que le projet d'accord UE - Etats-Unis est un «leurre» économique et une erreur stratégique.

L’accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis peut-il constituer ce plan de relance dont l’Europe a désespérément besoin ?

C’est un leurre, des deux côtés de l’Atlantique, en raison du fort chômage structurel. Les bénéfices de la libération des échanges ne sont importants qu’en période de plein-emploi des ressources. Pas avec 12% de chômeurs comme aujourd’hui dans la zone euro. Ce dont l’Europe a besoin, c’est d’une reflation interne. Les exportations peuvent être, sur la longue durée, une source complémentaire de croissance. Mais en aucun cas elles ne se substitueront au règlement des problèmes qui inhibent la consommation, à savoir la dette publique et bancaire.

Un immense marché de 800 millions de consommateurs aurait aussi l’avantage d’aiguiser la compétitivité des entreprises, selon les partisans de cet accord…

D’abord, il n’est pas vrai que la compétition déclenche l’innovation. Il suffit de voir comment la création du Marché unique, puis celle de l’euro, n’ont pas vraiment permis aux Européens de progresser dans l’intégration industrielle, de cumuler leurs investisse