Le branle-bas des lieux obéit à une volonté de rupture. Rupture avec l'ancien président de la CFE-CGC, auquel Carole Couvert a succédé le 17 avril au congrès de Saint-Malo. Au quatrième étage du siège, rue du Rocher, Paris VIIIe, elle a placé son bureau à gauche, à la différence de son prédécesseur. Elle a meublé la pièce avec son propre mobilier. «Cela veut bien dire que je n'endosse pas son costume.» Première femme à diriger le syndicat, la gironde blonde de 40 ans porte ce jour-là une robe rose à pois blancs sous une veste sombre. De l'ère Bernard Van Craeynest, il reste tout au plus une vitrine qu'elle désigne du doigt. Sur les murs, s'étalent des affiches publicitaires des années 50-70, son péché mignon depuis ses 18 ans. Elle les a chinées dans les brocantes et accrochées elle-même à l'aide d'un porte-crayon, tard le soir, avant de rejoindre son studio parisien. Le bricolage ne fait pas peur à celle qui se dit «manuelle». A 21 ans, elle retapait sa première maison achetée à crédit.
Il y a à peine deux mois, Carole Couvert montait triomphante sur le podium de la salle malouine du Grand-Large élue par 59,7 % des voix. A l'heure de la conférence sociale, elle est la seule femme et la benjamine des cinq leaders syndicaux «représentatifs» qui se sont assis autour de la table avec gouvernement et patronat. Celle qui veut remettre du peps au sein d'une confédération des cadres cacochyme aurait presque des accents contestataires. Elle ne dit pas que