Menu
Libération
Interview

«Bientôt, ce seront des Français que nous verrons ici»

Article réservé aux abonnés
Le syndicaliste allemand Matthias Brümmer appelle l’UE à faire cesser ce dumping :
publié le 21 juin 2013 à 21h46

Matthias Brümmer est président du syndicat allemand de l'industrie alimentaire NGG pour la région d'Oldenburg (Nord-Ouest). Pour lui, les conditions des travailleurs étrangers dans les abattoirs d'outre-Rhin «s'apparentent à une forme d'esclavage moderne».

Comment les difficultés des abattoirs français sont-elles perçues en Allemagne ?

Le problème existe en France, mais aussi en Belgique, au Danemark ou en Autriche. La politique des bas salaires en Allemagne et l’inexistence d’un salaire minimum provoquent des dégâts sociaux dans les pays voisins et mettent sous pression les salariés allemands et européens dans nos abattoirs.

Qui est responsable ?

D’abord les dirigeants des abattoirs, qui se permettent de pratiquer des salaires aussi bas avec des conditions de travail inhumaines. Ensuite, notre gouvernement : en refusant d’instaurer un salaire minimum et en ne mettant pas les moyens suffisants pour contrôler les contrats de travail et la réalité de ses abattoirs, il cautionne un système. Il doit mettre fin aux abus pratiqués dans ces usines. Enfin, l’Union européenne doit faire cesser ce dumping social. Car l’Allemagne connaît aujourd’hui une forme de tourisme liée à ce dumping. Après les travailleurs d’Europe de l’Est, ce sont des chômeurs grecs et espagnols que l’ont fait venir. Certains disent que, bientôt, ce sont des Français que nous verrons ici… L’Europe ne peut fonctionner ainsi.

Dans quelles conditions vivent ces ouvriers ?

Nous n’avons pas de chiffres précis, mais ce que nous avons pu observer s’apparente à une forme d’esclavage moderne. On a recensé des salaires allant de 1 à 10 euros de l’heure. Ils viv