Il y a d’abord les mots. Ignobles et dérisoires. Ces cris germanophobes que la colère ne peut justifier. Et puis il y a la réalité, ce recours croissant à une main-d’œuvre étrangère et sous-payée, ces salariés low-cost qui font le miel d’entreprises du BTP ou de l’agroalimentaire. Cette concurrence déloyale, qui prospère sur le désarroi des salariés les plus pauvres et qui est en train de détruire la filière porcine bretonne, n’est en aucun cas l’apanage de l’Allemagne. L’industrie française exploiterait ainsi 300 000 travailleurs à bas prix dans une Union européenne qui en compterait 1,5 million. La démarche originelle qui devait permettre de répondre à des besoins industriels spécifiques n’est plus qu’un sordide outil pour réduire le coût du travail dans tous les grands pays européens. Insupportable socialement, cette réalité a de sérieuses conséquences politiques. Car dans une économie en crise où tous les populismes se nourrissent de discours antieuropéens, le dumping social est un danger tenace pour nos démocraties. La sonnette d’alarme tirée jeudi par François Hollande - qui s’est engagé à mettre le sujet sur la table du prochain Conseil européen - ne suffira pas. Les Etats de l’Union doivent sans délai organiser une harmonisation sociale et imposer un salaire minimum. Ils doivent tout aussi vite organiser un contrôle rigoureux et désigner les entreprises qui s’affranchissent sans vergogne de toutes règles sociales. Sans négliger l’indispensable répression des fraudeur
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