Pour vivre heureux, consommons moins et mieux. C'est cette idée - utopie pour certains, ineptie pour d'autres - que défend l'Américaine Juliet B. Schor dans la Véritable Richesse. Une économie du temps retrouvé, plaidoyer dense pour une révolution économique et sociétale.
La sociologue, qui a enseigné l'économie (du travail, de la dépense et de l'environnement) à Harvard, pourfend avec méthode et exemples ce qu'elle juge comme des impasses capitalistes, à commencer par la croissance à tout prix, et défend une autre forme d'économie, qu'elle nomme «partagée». Le principe : renoncer aux dogmes en action dans les sociétés modernes, déterminisme selon lequel travailler permet de gagner de quoi dépenser. Elle ose refonder les modèles de pensée dominants, en affirmant que la vie ne repose pas uniquement sur l'activité rémunérée, que la consommation n'est pas indispensable au bonheur et qu'elle détruit la planète.
Une de ses propositions principales réside dans la limite du régime actuel de croissance pour des raisons… économiques : «Plus nous avancerons sur la route qui mène à l'arrêt total de la planète, plus l'alimentation, l'énergie, les transports et les biens de consommation deviendront coûteux. Il y aura moins d'emplois et moins de revenus.» Ce qui l'amène à prôner la réduction du temps de travail et une bonne utilisation du temps ainsi libéré : agriculture urbaine, bricolage, «économie de la réciprocité» (échanges de savoir-faire et de bien