Voilà près d'un an qu'ils sont «payés à ne rien faire». Depuis juin 2012, quand le groupe pharmaceutique suisse Roche a annoncé qu'il voulait se débarrasser de son institut à Strasbourg où une quarantaine de salariés mènent des études sur des cobayes humains.
D'après la direction du groupe bâlois, le site a perdu 2 millions d'euros l'année dernière. «Forcément, puisqu'ils préfèrent externaliser plutôt que de nous donner des études à réaliser. C'est purement stratégique», s'insurge un salarié. Roche leur parle alors de vente, de repreneur… La prospection dure le temps d'un été. A la rentrée, l'idée est déjà balayée : le site sera supprimé. «A l'époque, la directrice nous incitait à avoir confiance dans le projet de reprise, elle fut la première à démissionner !» s'étrangle un salarié. D'autres font de même, mais la majorité reste, désœuvrée. «Depuis septembre, on végète», expliquent-ils. Ils sont ainsi 26 à venir tous les matins. «Les gens lisent, surfent sur Internet, discutent, cherchent un emploi et… angoissent. A longueur de journée, on se pose la même question : "que vais-je devenir ?"» La direction leur a d'abord accordé deux jours par semaine de dispense de présence, avant de passer à cinq. Mais ils viennent encore, histoire de «garder le rythme». «Je suis payé à ne rien faire, psychologiquement c'est compliqué. On n'a ni projet ni objectif, à part boire trois cafés dans la matinée», raconte un autre. Envahi