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Libération
Portrait

Un Européen pro-américain, à veste réversible

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Maoïste puis libéral convaincu, Barroso n’a eu de cesse de défendre une dérégulation du modèle européen. Au service de son ambition.
par Jean Quatremer, (à Bruxelles)
publié le 24 juin 2013 à 22h26

José Manuel Durão Barroso n’est pas homme à exprimer le moindre regret. Passé souplement du col mao de sa jeunesse au Rotary, le président de la Commission, 56 ans, applique avec ferveur la devise d’Edgar Faure : «Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent». Ainsi, il n’a jamais exprimé le moindre doute sur la légitimité de la guerre en Irak. C’est pourtant l’image qui lui collera à la peau pour l’éternité : alors Premier ministre du Portugal, il accueille avec empressement, le 16 mars 2003 aux Açores, le fameux «sommet» réunissant Georges W. Bush, Tony Blair et José María Aznar, au cours duquel la guerre fut lancée. Un mois auparavant, Barroso, Premier ministre depuis moins d’un an, avait déjà donné un premier gage de son atlantisme fervent en annulant la commande de trois A400M, lui préférant un modèle états-unien.

Déraison. Il sera rapidement récompensé de son zèle pro-américain : en juin 2004, Londres, soutenu par tous les pays européens pro-guerre, bloque la candidature du très fédéraliste (et anti-guerre en Irak) Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, à la présidence de la Commission, pourtant soutenu par le couple franco-allemand. Mais ni Chirac, ni Schröder ne sont prêts à mourir dans cette bataille, et acceptent la proposition de Londres et de Madrid de nommer le «parfait francophone» formé à Genève et à Washington qu'est le Premier ministre portugais. L'Irak est donc incontestablement fondateur de la carrière européen