Jean Sivardière est président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut). Il décrypte les enjeux de la mobilité au regard des coûts du transport ferroviaire.
Face aux prix élevés du TGV, la mobilité est-elle désormais réservée aux élites ?
Non, la clientèle du TGV, contrairement à ce qu’on raconte souvent, est très diversifiée. Il n’y a pas que des riches dans le TGV, sinon il n’y aurait pas 100 millions d’utilisateurs cumulés chaque année. Après, évidemment, il y a plus de gens aisés que d’ouvriers qui prennent le TGV. Mais s’il n’existait pas, les gens aisés prendraient l’avion et les gens pauvres ne se déplaceraient pas davantage !
Mais pourquoi le TGV est-il si cher ?
Si cher par rapport à quoi ? Les gens apprécient mal le coût de la voiture, qui est beaucoup plus important que celui du train. Prendre le TGV en France coûte en moyenne 10 centimes par kilomètre parcouru. La voiture en solo, c’est 33 centimes. Et les TGV ne sont pas beaucoup plus chers que les Intercités, les trains interrégionaux à moyenne et longue distance. Une étude de l’économiste Jean-Marie Beauvais réalisée en 2011 montre que le TGV ne coûte que 10% de plus que l’Intercité.
Alors pourquoi une majorité de Français estiment-ils que le TGV est inabordable ?
Ce qui donne l'image de cherté du TGV, ce sont les prix des déplacements occasionnels de dernière minute et des voyages familiaux. Il faut que la SNCF écrête ces tarifs, qui sont manifestement trop élevés. Cependant, le «yield management» qu'a mis en place la SNCF pour le TGV - des tarifs bas quand on réserve à l'avance, et des tarifs plus élevés quand on réserve au dernier moment - est une méthode de commer