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Libération
Reportage

Croatie : une adhésion qui «met les gens à la rue»

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A Split, les chantiers navals subissent de plein fouet l’arrêt des aides publiques imposé par l’Union européenne.
publié le 1er juillet 2013 à 21h26

La mine déconfite et le regard sombre, Zvonko Segvic, le chef du syndicat des chantiers navals de Split, sait que la bataille est perdue. L'ouvrier se masse un instant le front, et avale d'un trait le café qui refroidit dans sa tasse. «La situation de la construction navale est mauvaise en Croatie, comme dans le reste du monde. Mais ce qui est permis partout ailleurs, à savoir que l'Etat apporte une aide financière aux chantiers, est ici rigoureusement interdit au nom de l'Union européenne», explique-t-il dans un souffle. Pour conclure le chapitre VIII des négociations d'adhésion («Politiques de la concurrence»), qui lui a permis de rejoindre hier l'Union européenne (UE), l'Etat croate a dû couper toutes ses subventions publiques à la construction navale.

Bradés. Dans le même temps, la France continue de soutenir le secteur, et les chantiers de Montfalcone, dans la baie de Trieste, demeurent contrôlés à 100% par l'Etat italien. «Pourquoi est-ce que l'Union européenne veut limiter notre production ? Pour ne pas faire de concurrence aux Italiens ? Nous avons signé des centaines de textes pour conclure les négociations d'adhésion, avec pour seul résultat de mettre des gens à la rue», s'emporte Duje, ingénieur à Brodosplit depuis trente-cinq ans. Comme les quatre autres chantiers du pays (Pula, Kraljevica, Rijeka, Trogir), les grues, les docks et les quais de Split ont donc été bradés il y a quelques mois pour la somme symbo