L’Agence spatiale européenne (ESA) doit prendre dans quelques jours des décisions majeures sur la future Ariane 6. Entretien avec Jean-Yves Le Gall, président du Cnes (Centre national d’études spatiales).
Depuis la décision du conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne de lancer Ariane 6, les ingénieurs ont-ils finalisé le projet ?
Les décisions seront prises dans les jours qui viennent. Elles seront fondées sur le choix majeur fait par les ministres lors de la conférence de Naples, en novembre, d’une fusée constituée d’un premier et deuxième étages à poudre et d’un troisième propulsé par un moteur cryogénique à hydrogène et oxygène liquides. Ariane 6 devrait entrer en service en 2021 et proposer un coût de lancement d’environ 70 millions d’euros aux propriétaires de satellites.
Comment parvenir à un tel prix ?
En utilisant le maximum d’éléments communs. Les propulseurs à poudre des deux premiers étages pourraient être identiques afin de les produire en plus grande série.
Quel sera le coût de développement ?
Entre 2,5 et 3,5 milliards d'euros, contre 7 milliards d'euros au début pour Ariane 5, et jusqu'à 10 milliards avec les versions successives. Cet écart est normal, car Ariane 5 a nécessité le développement de trois nouveaux moteurs, pour les propulseurs à poudre, l'étage central cryogénique et l'étage supérieur. Ariane 6, au contraire, part de ces acquis et du propulseur à poudre de la petite fusée Vega. Son moteur cryogénique [le Vinci, ndlr] sera celui développé pour Ariane 5. Quant à la maîtrise totale du système, nous l'avons également acquise. L'innovation n'est plus technologique, mais consiste à