A11 h 14, ce 12 mars 1974, James Akins caresse nerveusement sa barbe de la main droite. L’ambassadeur des Etats-Unis en Arabie Saoudite a un mauvais pressentiment : les pays arabes vont lever l’embargo sur les ventes de pétrole à l’Occident, annoncé six mois plus tôt en pleine guerre de Kippour. Sûr. Or, aussi bizarre que ça puisse paraître, cet Américain est un farouche défenseur de la cause palestinienne. Et il sent, au fond de lui, qu’Israël ne quittera jamais les territoires occupés si les Etats-Unis retrouvent de quoi alimenter leur croissance effrénée. Depuis six mois qu’il est en poste à Riyad, il a essayé par tous les moyens de faire passer des messages à Washington sur la nécessité de répondre à certaines revendications arabes sur Israël. En vain. Cet originaire de l’Ohio, élevé selon la tradition quaker, décide alors de jouer le tout pour le tout. Il décroche son téléphone et demande à être reçu par le roi Fayçal. Grillé pour grillé auprès du secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, qui l’a pris en grippe dès le premier jour, il va y aller au bluff.
CONSTERNATION. Le 16 mars, jour de son audience au palais, il l'annonce au souverain : Richard Nixon a conclu un accord secret avec Golda Meir pour développer la politique de colonisation israélienne. Des plans secrets ont été découverts, aucun doute n'est plus permis. Certes, le président américain est fragilisé par le scandale du Watergate mais son successeur désigné, Gerald Ford, connu pour ses positions p