La bataille du gaz et du pétrole de schiste fait rage dans les couloirs bruxellois. Plusieurs pays - au premier rang desquels la Pologne (assise sur les plus grosses réserves estimées du Vieux Continent), suivie par le Royaume-Uni, l’Espagne, la Roumanie, la Lituanie ou la République tchèque - militent pour exploiter librement cette ressource. Ils refusent donc toute législation européenne contraignante qui alourdirait les coûts d’extraction, même si les dommages environnementaux ne connaissent pas de frontières. Les compagnies pétrolières sont en appui actif, qu’elles soient américaines (Exxon Mobil, Chevron, Halliburton) ou européennes (Total, Statoil, PGNiG, Shell). Elles (se) dépensent sans compter pour convaincre les institutions communautaires et les médias de l’innocuité des gaz de schiste.
«Hallucinant». La Commission européenne, qui doit proposer un cadre législatif cet automne, est soumise à un intense lobbying, comme le reconnaît sans détour le porte-parole du commissaire européen chargé de l'Environnement, Janez Potocnik. Les parlementaires européens n'y échappent pas non plus. «Le lobbying sans foi ni loi des Polonais en faveur du gaz de schiste est hallucinant», s'indigne l'eurodéputée Corine Lepage, qui ajoute que «Total n'est jamais très loin». Un rapport de l'ONG Corporate Europe Observatory, qui surveille l'action des lobbys, publié en novembre, liste toutes les actions menées par les pétroliers et les