Didier Le Reste, patron de la fédération CGT des cheminots entre 2000 et 2010, revient sur la cause invoquée de l’accident de Brétigny-sur-Orge et sur le déséquilibre entre lignes classiques et lignes à grande vitesse.
Pourquoi contestez-vous la rapidité de l’explication donnée par la SNCF ?
D’expérience, il est quasi impossible de donner dès le lendemain une version aussi officielle. Là, on engage une campagne nationale pour dire que l’origine du déraillement provient d’une éclisse qui s’est désolidarisée du rail. Cela me paraît prématuré. Cette cause peut faire partie d’une des nombreuses hypothèses. Par définition, il n’y a jamais qu’une seule cause, mais un processus, un enchaînement de circonstances. Il y a l’éclisse, l’état de l’ensemble de l’infrastructure, du matériel roulant, etc. On peut en tout cas écarter l’erreur humaine. Toutes les enquêtes diligentées doivent être menées en transparence et en toute indépendance pour faire éclater la vérité.
Pourquoi le dire si vite alors ?
En tant que cheminot, je suis surpris de cette communication hâtive. Mais Guillaume Pepy a une propension à se précipiter. Il avait fait de même quand l’Eurostar avait été bloqué dans le tunnel sous la Manche à l’hiver 2009. Selon lui, la neige avait contribué au blocage. J’avais alors soulevé un lien de causalité avec la maintenance. Les enquêtes m’ont donné raison. Je dis donc : attention !
Songez-vous à d’autres hypothèses ?
Cet accident ouvre le débat sur les trains d’équilibre du territoire (TET). Je me souviens de la mise en service du Corail dans les années 70. C’était à l’été 1976, pendant la canicule, je débutais alors comme