Ce soir de février 2012, ils sont une cinquantaine à assister à la projection de l'Argent, d'Isaac Isitan. Le documentaire revient sur les crises bancaires argentines et turques des années 2000 et, dans leur salle communale, les habitants de Mittelhausen (Bas-Rhin) en sont vite convaincus : «C'est ce qui nous attend, on va dans le mur.» Ils décident d'anticiper en créant un SEL, système d'échange local. « Il s'agit de tout anticiper, explique Alain, l'un des fondateurs, l'effondrement de l'euro, la fin du pétrole et de l'électricité en mettant en place un réseau humain d'échange de services et de biens pour s'entraider quand tout s'écroulera. Mais on n'invente rien, on ne fait que remettre au goût du jour une ancienne façon de vivre, quand on faisait les foins et que tout le village s'y mettait. Seul, le paysan ne peut rien.» Consultant en entreprise, Alain achève une formation pour devenir agriculteur. «Aux Etats-Unis, les survivalistes se préparent à se battre pour manger en faisant des stages commandos. Nous, on apprend l'autonomie.»
Massages. Pour Sonia, la présidente du SEL, il s'agit d'être prêt à «remplacer un euro qui n'aurait plus de valeur par une monnaie qui prendrait tout son sens, sans lien avec le cours de la Bourse : le bret'sel», dont une unité équivaut à une minute de temps de travail. En attendant le krach, le SEL permet à ses membres de «mieux vivre la