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Food sentimentale soif d’idéal...

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ça va ça vient. Le hamburger débarque à Strasbourg. Sans nourrir de complexes.
publié le 15 juillet 2013 à 22h41

J’ai débarqué au pays de la choucroute sans prévenir, dans le centre commercial «la place des Halles», à Strasbourg, le 17 septembre 1979. C’était dans un «restaurant familial à service rapide» comme on disait à l’époque. Quels ringards ces Frenchies, à tout vouloir traduire dans la langue de Vatel… Qu’importe, c’est dans ce fast-food dernier cri que les Strasbourgeois ont pu mordre dans mon moelleux pour la première fois.

Calories. Pour l'inauguration, étaient invités des journalistes, le maire et tous les commerçants… Même le consul américain avait fait le déplacement ! Moi ? Je suis le grand-père des burgers, le héraut de la junk-food, le malabar des calories. Je suis le BigMac, trente-quatre ans de «boyaux» services et toujours best-seller. Je n'ai pas pris une ride, au mieux perdu quelques calories (467 aujourd'hui), mais ma recette d'origine est toujours calibrée au gramme, à la seconde et au centime près, comme un marqueur de la standardisation des estomacs humains.

A moi seul, je soutiens la filière bovine française avec mes deux steaks bien cuits, et carrément toute l’agriculture - tant qu’on y est - avec mes deux tranches de pain toasté, une sauce secrète, des oignons, de la laitue croquante et du fromage.

Quand je suis arrivé, je coûtais 7 francs. Une misère pour une révolution. Comme on était en Alsace, on me servait avec de la bière, il y avait de la musique qui tournait en boucle et, après m’avoir englouti, on pouvait s’en gri