Le village de Trémargat, hameau de 192 habitants perdu sur des hauteurs boisées et verdoyantes des Côtes-d'Armor, n'a pas attendu la crise de 2008 pour remettre en cause le modèle consumériste ordinaire. «La crise ? Mais ça fait au moins quarante ans qu'elle dure, non ?» répète-t-on dans le village. Reste que la période actuelle n'a pas manqué de favoriser des pratiques qui, après avoir suscité une certaine indifférence, ont réveillé l'intérêt d'autres collectivités. «On doit faire attention aux ressources publiques, relève Eric Bréhin, maire de Trémargat et enseignant de 42 ans. C'est une des raisons qui nous ont poussés à lancer des chantiers participatifs, comme l'aménagement du bourg ou la restauration de l'ancienne mairie en maison des associations.»
Plutôt que de rétribuer de coûteux bureaux d'études, tout le monde a été invité à mettre la main à la pâte. Et ça marche. Pendant des mois, des dizaines de personnes de tous âges et toutes professions ont consacré leurs week-ends à des travaux habituellement confiés à des professionnels. Un retraité féru de soudure a fabriqué du mobilier public, des agriculteurs ont apporté du matériel pour la transformation d'un parking goudronné en pelouse fleurie, tandis que de jeunes apprentis menuisiers fabriquaient une grande pergola pour accueillir des animations près du Trémargat café, un bar associatif. «Chacun intervient avec ce qu'il sait faire, précise Eric Bréhin. Cela a aussi été possible