Quand Sindy, la vingtaine, a obtenu son permis de conduire, la nouvelle a provoqué «plus d'émotion que si elle avait décroché Sciences-Po», selon son père. L'étudiante réside avec son compagnon à Bourganeuf, dans la Creuse. Famille, amis, études : sa vie est à Limoges. Mais le cœur a ses raisons que la SNCF ignore. Pour se rendre dans la cité porcelainière, il lui fallait jusqu'alors prendre un car qui passe trois fois par jour dans cette commune de 3 000 habitants. Pour 10 euros les 1 h 10 de trajet, elle avait tout le loisir d'apprécier encore et encore le paysage verdoyant. Moins bucolique mais plus pratique, elle avoue qu'aujourd'hui le trajet ne lui coûte que «6 euros d'essence et 50 minutes de concentration».
«Hallucinant». Fabien, lui, est contractuel à l'Education nationale. De lycées rurbains en collèges complètement paumés, il parcourt les trois départements limousins en long, en large et en travers. Son constat est sans appel : «Le train, c'est compliqué et cher vu le temps perdu.» Au printemps 2012, il est nommé à Tulle. Plutôt adepte de la voiture, il apprend que son employeur propose un défraiement partiel en cas de transport ferroviaire. «Là, j'ai découvert que pour faire Limoges-Tulle, qui sont quand même deux préfectures, il fallait prendre un TER, puis un autocar, voire deux, sans compter la marche jusqu'à l'établissement.» Bref, entre 1 h 30 et 2 h 30 pour un itinéraire qui se fait en