Certaines sociétés d'autoroutes jouent-elles avec la sécurité pour faire des économies ? C'est ce que suggère le rapport de la Cour des comptes. Son premier président, Didier Migaud, a jugé hier que «le réseau autoroutier est plus sûr et mieux entretenu que les autres». Mais il a pointé d'inquiétantes défaillances dans l'entretien des «ouvrages d'art» (comme les ponts), qui fait pourtant partie des obligations de base des autoroutiers. Les audits confidentiels du ministère des Transports, que la cour a obtenus, soulignent, «pour plusieurs sociétés», «le mauvais état des ouvrages et la faiblesse du budget consacré à leur mise à niveau».
«Surcharge». Les principaux accusés sont SAPN (Paris-Normandie) et «surtout» ASF (Autoroutes du sud de la France), filiale de Vinci. L'audit de SAPN conclu en juin 2011 indique le budget de rénovation «paraît faible», et devrait être multiplié par 2 à 2,5.
La lettre adressée à ASF en avril 2011 est encore plus sévère. Elle soulignait «le grand nombre d'ouvrages en surcharge pondérale». Surtout, le ministère pointait que «contrairement aux autres sociétés» d'autoroutes, le nombre d'ouvrages d'art classés «3» (structure altérée) ou «3U» (à rénover d'urgence pour raisons de sécurité) «n'évolue pratiquement pas» chez ASF. Bref, le groupe «n'arrive pas à réduire le stock d'ouvrages en mauvais état». «A ce régime», il en rest